Ce hêtre tortillard, c’est d’abord l’histoire d’une passion. Celle qui anime Martine et François Cornevaux lorsque, en 2004, ils acquièrent la Manufacture royale de Bains-les-Bains, un magnifique site industriel des XVIIIe et XIXe siècles… à restaurer entièrement ! Puis l’histoire d’une amitié.
Celle qui unit Martine et Annie Lhommée, la documentaliste du lycée Pierre-de-Coubertin, à Nancy, depuis les bancs de l’école. Enfin, l’histoire d’un coup de cœur. Celui des élèves de BTS
dudit lycée pour cet arbre qui se tortille dans tous les sens. Il y a quelques mois, ils avaient choisi Martine comme marraine ; ils sont devenus les parrains de son arbre.
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On le repère à plusieurs lieues à la ronde, belle boule verte en surplomb de prairies fleuries. L’aïeul qui a enfoui la graine dans la terre de ses ancêtres voici 85 ans n’est plus là. Une graine
qui a grandi, grandi… jusqu’à devenir ce beau tilleul perché sur un coteau. De là-haut, on peut apercevoir l’église où il s’est marié et le cimetière où il repose. Enfants, petits-enfants
et arrière-petits-enfants chantent et dansent aujourd’hui sous ses branches en souvenir du papy. À l’accordéon, Jocelyne, l’une de ses filles, qui porte en souvenir le chapeau de son père.
Tata Gene, la doyenne de 97 ans, est aussi de la fête. Merci à Virginie, qui présente le tilleul de son grand-père à ce concours : grâce à elle, on sait maintenant que les arbres ont une âme…
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« Il a dû faire toutes les guerres pour être aussi fort aujourd’hui… » Qui ? Cet acacia de belle taille, dont la municipalité de Liebsdorf, en la personne de Bernard Schlegel, adjoint au maire, porte la candidature. Et quelles guerres ? Celles qui anéantirent ce village alsacien – tantôt rattaché à l’Allemagne, tantôt à la France – à maintes reprises. Tout proche de la Suisse, Liebsdorf est devenu, lors de la guerre de 1945, le point de passage idéal pour ceux qui fuyaient la Gestapo… Fait étrange, un érable fugitif, lui, s’est caché dans l’acacia : il y a pris racine et la cohabitation est réussie. Signe que les temps ne sont plus à la guerre entre les communautés ? « Il a dû faire toutes les guerres de la vie et l’amour aussi. » Liebsdorf ne signifie-t-il pas le « village de l’amour » ?
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L’if d’Estry a beaucoup d’amis à la mairie, à commencer par monsieur le Maire, Didier Renouf, fier de présenter ce vénérable gardien du temple. Son âge ? Entre 1600 et 1800 ans !
C’est sûrement l’arbre le plus âgé de ce concours, voire d’Europe ! Sur le vert foncé de ses aiguilles tranche le rouge vif de ses arilles. Fidèle à la tradition – à cause de sa toxicité ? –, il trône au beau milieu du cimetière qui entoure la petite église. En témoin de la grande histoire et symbole de résistance : à onze reprises, pendant la Seconde Guerre mondiale, Estry fut perdu
puis repris par les Alliés au cours d’intenses combats. Le village fut presque entièrement détruit. L’if, lui, est resté debout, à côté de l’église en ruines. Mémoire, toujours vivante, d’Estry.
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Assis, tel un patriarche au milieu de sa famille réunie autour du noyer,
monsieur Facqueur est un homme heureux. Depuis 56 ans, l’arbre fait la fierté
de son jardin. Il n’avait que 24 ans lorsqu’il l’a planté tout au fond du potager,
à partir d’une noix. Extrêmement généreux, l’arbre le lui a rendu au centuple !
Il est grand et fort pour son jeune âge. Il faut dire qu’il a été chouchouté,
avec de la bonne terre de compost à son pied. Solide pilier,
ne symbolise-t-il pas l’amour, le respect, le partage, la solidarité ?
Bref, toutes les valeurs familiales à lui tout seul ?
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Il est le gardien de la prairie. Et le témoin de la violence faite aux arbres autochtones. Nous sommes dans les Landes, où l’on a planté des pins. Beaucoup de pins… afin de fixer les dunes.
En 2009, la tempête Klaus, qui traverse le Sud-Ouest, dessouche et sectionne les pins maritimes. Mais pas le tilleul des fils Delage ! C’est le benjamin, Nicolas (8 ans), qui l’a inscrit au concours
de l’Arbre de l’année. Avec son frère Mario, il a grandi à ses côtés. Et dans ses branches ! Solides et accueillantes, elles forment comme un plafond, là-haut, telles les poutres d’une maison.
Il n’y a pas d’arbre plus bienveillant que ce tilleul : de toute évidence, Mario et son ami Axel se sentent à l’abri dans sa ramure, qui enveloppe le tronc jusqu’au sol. Un, deux, trois… grimpez !
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Cette candidature est un acte de foi. Celle qui anime le groupe d’éveil à la foi de Tours-sur-Marne qui la présente (photo en haut, à droite). Le choix de ses membres s’est porté
sur cet arbre, de taille somme toute assez modeste, à cause de son feuillage flamboyant qui leur a rappelé que « la foi peut donner un éclat différent au cours de nos vies ».
La couleur pourpre n’est-elle pas liée au monde de la spiritualité et de la religion ? Un banc invite d’ailleurs les promeneurs de ce beau parc de Champagne à la méditation.
Et, pour des enfants s’éveillant non seulement à la foi mais aussi à la vie de la nature, quel plus éloquent symbole de diversité que cet arbre se détachant sur le vert environnant ?
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Les promeneurs du bois de Boulogne le connaissent bien. Affalé sur une petite rivière qui sinue dans le bois, il a dû tomber là il y a bien longtemps ! Échoué contre
les racines d’un deuxième saule, il est reparti en hauteur, les deux saules ne formant plus qu’un. Le lieu a des airs de bayou, avec les écrevisses de Louisiane venues coloniser
les étangs. Les branches du géant couché serpentent, à terre et dans l’eau, tels des anacondas. Ou bien s’épanouissent en pattes de mygale prête à broyer sa proie.
Avec raison, Agnès, une jeune photographe amateur qui sillonnait le bois à vélo, l’a jugé digne de figurer au concours de l’Arbre de l’année. Mélancolie, quand tu nous tiens !
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Sur le sentier des Thurifères (de thurifera : «porte encens»), après une demi-heure de grimpette sur les flancs d’une superbe vallée alpine, vous ne pourrez manquer l’Éléphante.
Elle s’y accroche depuis si longtemps ! Tout en circonvolutions au milieu desquelles on devine sa trompe grise, allongée sur le sol caillouteux. Elle a planté là ses racines tourmentées
voici quatorze siècles ! Engendrant de nombreux petits genévriers alentour. Car cette vieille dame, au feuillage persistant et odorant, plus large que haute, est bien un genévrier thurifère
femelle, une rareté en France. Au vu de sa « descendance », les habitants de Saint-Crépin l’appellent aussi « la Mère ». Au Moyen Âge, les matrones ne s’habillaient-elles pas toujours en vert ?
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Ses racines, longues et tortueuses, filent jusque sous les pavés de l’église, comme attirées par les chants qui s’en échappent. Mousses et lierre grimpent à l’assaut de son tronc entaillé
de profondes rainures. Le beau tilleul, propriété de ce charmant bourg corrézien, a souvent de la visite : les fidèles à la sortie de la messe, les bûcherons chargés de son entretien régulier,
les villageois pour la fête du 15 août… et tout plein d’enfants qui se retrouvent là pour goûter et jouer. Ce sont eux, par l’entremise de la jeune Adèle Turquin, qui présentent cet arbre
remarquable au concours. Ils sont fiers de sa beauté mais aussi de son passé : vieux de 400 ans, n’a-t-il pas connu Marie-Angélique de Fontanges, l’une des favorites du Roi-Soleil ?
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