Dans la forêt pentue d’Argiusta-Moriccio, dans le sud de l’île de Beauté vit un grand
chêne multicentenaire à une altitude de 1 000 mètres : il s’agit du chêne vert de
Matachjina (U Liccionu di Matachjina). Ses dimensions sont particulièrement
imposantes. Il porte une cavité dans laquelle un homme peut se tenir debout. Dans
la deuxième moitié du XIXe siècle, Matachjina, de son vrai nom Marie-Madeleine
Caitucoli, une jeune veuve, aimait passer ses journées dans la nature (son surnom viendrait de
machja, qui veut dire « maquis »). Elle possédait quelques cochons en montagne sur la commune.
Quand une truie devait mettre bas, sans doute par commodité et par manque de moyens, elle
l’enfermait dans ce majestueux chêne. Elle murait l’entrée avec des pierres afin que la truie ne
puisse pas sortir et pour qu’elle soit protégée des prédateurs. Après la mise bas, la truie pouvait
sortir pour s’alimenter et boire en passant au-dessus d’une racine située sur le côté du chêne, qui
était assez grosse et haute pour empêcher les porcelets de s’en aller. Au bout d’une quinzaine de
jours, le muret était défait afin de libérer les porcelets, dès lors assez grands pour s’alimenter
seuls. Cette histoire a ainsi donné son nom à l’arbre : U Liccionu di Matachjina (« grand chêne
vert de Matachjina »). Beaucoup plus récemment, dans les années 1980, le chêne a été utilisé de
la même manière, à la seule différence qu’il n’y avait pas de construction de muret, mais un petit
enclos en grillage. Le destin de cet arbre est véritablement insolite !
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La carte des arbres de France
À première vue, on pourrait n’y voir que du feu, et pourtant il ne s’agit pas d’un seul arbre, mais bien de deux arbres qui sont ici intimement mêlés : les troncs, les feuillages sont mélangés, à tel point qu’on ne voit plus d’où viennent les branches de l’un et celles de l’autre. Le flamboyant était sans doute là, au centre d’un petit square tranquille, et une graine d’arbre de l’intendance, apportée vraisemblablement par un oiseau (ils sont nombreux ici, bulbuls, cardinaux, zostérops, moineaux…), a germé juste à côté pour devenir un bel arbre. Plusieurs fois, cet arbre intrus a été coupé, mais il a toujours repoussé, à chaque
fois plus vigoureux. Marie-Claude Douyere, qui porte cette candidature, se rappelle que plus jeune, il y a une trentaine d’années, elle travaillait tout près du square et il lui fallait tous les jours trouver une place pour sa voiture. En tournant autour, elle avait alors tout le loisir d’observer ce couple rebelle. À cette époque, les deux sujets unis étaient déjà vigoureux et solidement arrimés l’un à l’autre. Au bout d’un certain temps, la municipalité de Saint-Denis a projeté de régler la croissance anarchique de ces arbres en les coupant tous les deux : il y a eu un tollé général !
Dans cette belle île de la Réunion, où les mariages et les unions entre les différentes origines, les différentes religions, les différentes classes sociales sont la norme, l’existence de ce « couple » d’arbres était un écho, une image vivante de ce quotidien métissé. Devant la protestation, les arbres ont été épargnés. La vie professionnelle de Marie-Claude l’a conduite à travailler dans d’autres lieux, mais elle reste très attachée à ce square.
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C’est un grand chêne au port harmonieux, avec un tronc large et robuste et un houppier
volumineux. Il trône au milieu d’une vaste prairie, et l’on doit avouer que la mise en
scène est des plus réussies, avec les montagnes calcaires du massif des Bauges en
toile de fond, le ciel immense et bleu et le vert étincelant de l’herbe et des feuillages.
Le chêne du bout du lac est l’arbre emblématique de la réserve naturelle éponyme.
Sa mise en valeur ne doit rien au hasard, et on nous assure, non sans une certaine fierté, qu’il
fait l’objet d’une « gestion paysagère particulière ». Le vocabulaire technique est toujours un
peu austère, il faut l’avouer, mais l’on comprendra plus aisément qu’ici, on est aux petits soins
pour lui. Car malgré sa prestance et son volume déjà imposant, notre chêne n’est encore qu’un
arbre en devenir. Et avec une circonférence qui dépasse déjà les quatre mètres en un peu plus
de deux siècles d’existence, nul doute que notre arbre profite pleinement de toute l’attention
qu’on lui donne. Protégé et même choyé, il est assurément promis à un bel avenir.
Aux alentours
La réserve naturelle du Bout-du-Lac est un espace humide traversé par deux cours d’eau, l’Eau
morte et l’Ire, qui alimentent le lac d’Annecy. Cette zone marécageuse, située au sud du lac,
constitue un milieu de vie d’une grande richesse, habité par des espèces emblématiques comme
le castor d’Europe, réintroduit ici dans les années 1970.
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C’est une petite route qui serpente dans la garrigue, à travers romarins, cistes et myrtes,
avec çà et là quelques petites falaises et aplombs calcaires. Au bout, au milieu des
vignes, au lieu-dit La Belle Auriole, trône le vieux genévrier, semblable à une sorte
de brocoli géant. Il a donné son nom au domaine viticole de la famille Dardenne, et
la vigne, reconnaissante, le lui rend bien : on dit ici qu’elle protège des incendies. Le
feu et le genévrier cade, c’est une vieille histoire. Le bois de cade était jadis fréquemment brûlé
dans les villes pour lutter contre les épidémies. On raconte même qu’Hippocrate a combattu la
peste à Athènes grâce à ses fumigations. Jusqu’au XIXe siècle, les baies étaient brûlées dans les
hôpitaux français pour assainir l’air ambiant. Que notre patriarche soit passé au travers des
flammes, c’est une heureuse issue. Aujourd’hui, on apprécie volontiers son ombre et l’on en prend
véritablement la mesure qu’une fois installé à la base de son (double) tronc ridé, qui accuserait,
les avis divergent, un ou deux millénaires…
Aux alentours
L’étang de Leucate est un bel exemple de lagune méditerranéenne. Il se caractérise par une faible
profondeur (3,5 mètres au maximum) et une eau saumâtre. Il est exploité depuis longtemps pour
la pêche et la conchyliculture. Il abrite hippocampes et flamants roses.
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Le jardin de Geneviève est dans la grande tradition des jardins normands, qui se doivent
d’abriter un poirier. Celui-ci est remarquable. Geneviève l’admire chaque jour avec
délectation. Sa décision de s’installer dans cette propriété il y a de cela quelques mois
tient d’ailleurs beaucoup à la présence de l’arbre... Cette histoire est donc d’abord celle
d’un coup de coeur. Il faut reconnaître que l’arbre, niché dans un écrin de verdure,
a fière allure : un tronc droit, une forme élancée, une silhouette parfaite. Partie à la pêche aux
renseignements, elle apprit des anciens du hameau que le fruitier était sans doute aussi âgé que
la maison, dont la première partie fut construite en 1640. L’histoire est belle, mais sans doute
inexacte. En matière d’arbres, le fantasme et le réel font souvent de doux mélanges. Les arbres
ont de multiples pouvoirs, dont celui de faire fonctionner l’imagination des hommes. Notre
poirier est plus vraisemblablement jeune centenaire, mais qu’importe, l’essentiel est ailleurs.
Aux alentours
Plusieurs massifs forestiers sont à découvrir : forêts de Senonches, du Perche, de Dreux, de
Breteuil, de Conches, ou encore de Châteauneuf ou d’évreux. Ils s’étendent généralement sur
des sols sableux et argileux, et abritent donc des milieux humides et aquatiques remarquables.
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L’histoire étonne. Par quel sortilège un tel colosse a-t-il pu passer inaperçu au moment
de l’achat du terrain ? C’est que l’arbre affole les compteurs : un âge compris entre
1 000 et 1 500 ans (1 400 ans selon un botaniste) et une circonférence de 16,9 mètres…
C’est assurément l’un des plus vieux et plus gros châtaigner de France. La famille
Michaud raconte volontiers la découverte : c’est en débroussaillant un gros bosquet
que le châtaignier leur est apparu, le terrain venait d’être acheté, la surprise est énorme ! Que
faire, dès lors, face à un tel monument qui nécessitait quelques soins ? On a beau être bûcheron,
on n’est pas confronté tous les jours à des arbres de cette carrure. à dimensions exceptionnelles,
solution d’exception : le bûcheron consulté, sans doute désemparé, préconisa alors un dynamitage
en bonne et due forme ! La famille Michaud décida alors qu’il serait plus judicieux de le
conserver, et même de veiller à ce qu’il perdure. Sage décision !
Aux alentours
Le val de Loire (soit 280 kilomètres en continu le long du fleuve) est inscrit sur la liste du patrimoine
mondial de l’Unesco au titre des « paysages culturels vivants », depuis la fin de l’année
2000. Le parc naturel régional Loire-Anjou-Touraine est à l’origine de cette reconnaissance.
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Au sommet d’une falaise de schiste surplombant une rivière, une lande de bruyères
et d’ajoncs déploie des inflorescences pourpres et jaunes. à proximité, un dédale
mordoré de fougères-aigles conduit au jardin du Roc’h, dans les effluves subtils et
délicieux de la pierre et de la mousse chauffées par le soleil. Des bananiers et des
palmiers, des bonsaïs, des cactus, une petite mare et ses plantes aquatiques, des
fleurs de toutes sortes… C’est un jardin extraordinaire, qui se niche ici comme un secret bien
gardé. Et, au milieu, une petite pâture se déploie autour d’un arbre séculaire, un chêne ramassé
et boursouflé, plusieurs fois centenaire, devenu compagnon de fortune pour les deux moutons, un
noir (Scorff, du nom de la rivière) et un blanc (La Blanche), qui, en cette chaude journée, viennent
y trouver une ombre salvatrice. Son tronc est totalement creux et, sous un certain angle, une
amusante tête de personnage de dessin animé y apparaît, nous montrent Ronan, le propriétaire,
et sa fille Janelle. On a beau être le seigneur du jardin, ça ne justifie pas de se prendre au sérieux.
Aux alentours
La presqu’île de Quiberon, les célèbres alignements de Carnac, Belle-Île-en-Mer, avec les aiguilles
de Port-Coton et la pointe des Poulains… Les sites d’intérêt ne manquent pas en Bretagne sud,
à quelques encablures du chêne du Roc’h.
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Les hêtres tortillards (ou faux de Verzy) sont une énigme. Aujourd’hui encore, on ne
sait pas avec certitude ce qui a provoqué cette mutation génétique du hêtre, qui se
caractérise par une capacité d’anastomose et de marcottage bien supérieure à la
normale. Il en résulte des arbres très singuliers et ce spécimen de l’Arboretum des
Barres n’échappe pas à la règle : un solide tronc tortueux porte de belles branches
noueuses qui forment de longues et amples boucles, une véritable voûte végétale faite de cascades
de verdure qui laisse filtrer la lumière avec malice et facétie. Cet arbre a été planté à l’Arboretum
durant l’hiver 1938-1939. On l’a acheminé ici par le train. Il avait été prélevé dans la célèbre
forêt de Verzy, près de Reims, où l’on trouve la plus grande concentration mondiale de hêtres
tortillards, avec un millier d’individus. Cet arbre est aujourd’hui multiplié par la pépinière de
l’Arboretum par greffage, pour être proposé ensuite aux visiteurs. Il constitue également un
formidable support pour les nombreuses visites pédagogiques proposées sur le site.
Aux alentours
L’Arboretum national des Barres est ouvert au public depuis 1985. Géré par l’Office national des
forêts, il abrite, sur 35 hectares, un remarquable patrimoine végétal constitué de 2 600 espèces
et sous-espèces, venues des cinq continents, et représentées par quelque 9 250 arbres
et arbustes.
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L’histoire de ce sophora, c’est une histoire de résilience. Il se situe dans le parc à
l’anglaise du château de Montry, sur la commune du même nom, qui date de la
fin du XIXe siècle. On sait que l’arbre a préexisté au parc : il a sans doute plus de
deux siècles. Si aujourd’hui, le sophora se présente sous la forme de deux grosses
branches principales qui s’étalent sur le sol, lui confèrant un remarquable recouvrement
de 1 000 mètres carrés, c’est que son histoire est marqué par une chute. Vers 1930,
le sophora s’est couché à terre, son tronc initial s’étant creusé de l’intérieur. Une légende est
née à cette époque : il s’est dit que les personnes ayant tenté d’abattre cet arbre après sa chute
sont mortes prématurément, comme si l’esprit de l’arbre luttait pour sa survie. Le château est
désormais devenu un établissement pour l’insertion dans l’emploi. Mais la légende perdure. Et,
en 2016, une promotion de volontaires a décidé de prendre le nom de « Sophora » par analogie :
l’arbre a chuté, mais s’est relevé, tels les jeunes qui intègrent l’établissement avec le statut de
« volontaires à l’insertion »
Aux alentours
La forêt de Ferrières est l’une des plus vastes d’Île-de-France, avec près de 3 000 hectares.
Aujourd’hui propriété de la région, cette forêt, située aux portes de Marne-la-Vallée, est le théâtre
d’expériences originales de préservation des milieux naturels.
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Pantalon de velours côtelé, bottes de caoutchouc, chignon banane parfait, yeux
maquillés, léger rouge à lèvres, Béatrix d’Ussel possède l’élégance discrète et sûre
des châtelaines qui ont l’habitude d’arpenter les chemins creux de campagne. Dans
la rosée du matin, nous parcourons les quelque 6,5 hectares du parc, en plein coeur
de la petite ville limousine de Neuvic, dans l’est de la Corrèze. Ce parc vallonné à
l’anglaise, à vocation à la fois paysagère et agricole, dans la grande tradition des parcs du début
du XIXe siècle, est fait de points de vue, d’allées et de nombreuses perspectives sur le château,
mais aussi et surtout sur une pièce d’eau, où glisse un cygne nonchalant. Ici poussent environ
350 espèces d’arbres et d’arbustes. Celui qui nous intéresse est un séquoia géant, introduit dans
le parc vers 1855, l’année même où les premiers exemplaires furent introduits en France par
Boursier de La Rivière. Avec près de 11 mètres de circonférence et 45 mètres de haut, c’est l’un
des plus imposants et des plus anciens séquoias géants de France.
Aux alentours
Le parc naturel régional de Millevaches en Limousin, créé en 2004, se situe au coeur du vaste
plateau granitique de Millevaches (qu’il faut entendre dans le sens de « mille sources »), qui frise
les 1 000 mètres d’altitude et qui abrite nombre de tourbières et de rivières.
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