En sursis : voilà la situation du robinier faux-acacia de Larchant, au pays
Beauce Gâtinais en Pithiverais. Dans un secteur d’agriculture très intensive,
sous les continuels effluves carbonés et azotés des gaz d’échappement, sans
autres compagnons verticaux que d’innombrables pylônes électriques et
panneaux : voilà la situation vraiment peu enviable de notre arbre. On lui prédit même
un futur rond-point, qui pourrait sonner son glas, car ce seul arbre à des centaines de
mètres à la ronde va sans doute gêner. Notre monde ne tourne pas rond.
Pourtant, ce robinier mériterait un certain respect. Mais pas à la façon de ces vandales
qui, en 2011, l’ont attaqué à la tronçonneuse, ce qui lui vaut aujourd’hui une lourde prothèse
de métal et de béton armé… Visible à plusieurs kilomètres à la ronde, il marque
l’arrivée à Larchant, grand lieu de pèlerinage au Moyen Âge. Il pourrait avoir été planté
par Jean Robin (1550-1629), herboriste au service successif des rois Henri III, Henri IV et
Louis XIII, qui importa les premiers robiniers en Europe. Ce qui en ferait l’un des plus
vieux spécimens de France. Respect, vous avez dit respect ?
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La carte des arbres de France
La découverte de ce robinier monumental dans un parc privé de Saint-Pol-de-Léon, dans le Finistère, à quelques encablures de la mer, résulte d’une rencontre entre David Happe, expert arboricole, et les propriétaires, M. et Mme de Sagazan. Ces derniers s’inquiétaient de l’état de l’arbre, dont ils ignoraient le caractère remarquable. Ils font appel à l’expert qui se rend sur place pour examiner le supposé malade et c’est un véritable choc : non seulement l’état de santé est très bon, mais de plus il s’agit d’un spécimen comme il n’en a jamais vu ! David Happe entreprend alors des recherches qui mènent à une conclusion claire et nette : avec un tour de taille de 5 mètres, le robinier du manoir de Gourveau est le plus gros robinier de Bretagne et il s’agit même de l’un des trois plus gros spécimens de France, le premier se situant dans la Vienne, avec 5,8 mètres de circonférence. Et il figure parmi les vingt sujets les plus imposants d’Europe. Sacrée découverte ! À défaut d’archives sur sa date d’implantation, on se prête à imaginer que l’arbre pourrait être contemporain du manoir construit en 1638, après avoir été peut-être débarqué sur les quais de Roscoff (à moins de 5 kilomètres vers le nord) par un navigateur-botaniste averti ? Sur la proposition de David, M. et Mme de Sagazan acceptent de l’inscrire au concours de L’Arbre de l’année 2022. Vous connaissez la suite.
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L’histoire raconte que l’on doit à Jean Robin (1550-1629), arboriste des rois Henri III, Henri IV et Louis XIII et directeur du jardin des Apothicaires, la première plantation de robiniers faux acacia en Europe, au tout début du XVIIe siècle, à partir de graines reçues de son ami John Tradescant the Elder, un naturaliste, jardinier et voyageur britannique, qui introduisit de nombreuses plantes en Grande-Bretagne. Parmi elles figure cet individu, situé dans le square René-Viviani, au cœur de Paris, et jouxtant l’église de Saint-Julien-le-Pauvre, qui aurait été planté en 1601 ou 1602, on ne sait pas très bien. Il est réputé être aujourd’hui le plus vieil arbre de la capitale et le plus ancien des robiniers européens. C’est un arbre patrimonial, qui fait partie des points de visite de la ville, tout près de la cathédrale Notre-Dame. Avec le temps et du fait d’évènements violents, d’incendies et de guerres, l’arbre originel âgé de plus de 400 ans est un sujet penché, anciennement brûlé. Voué à dépérir par une chute fatale, il a été sauvé grâce aux habitants, qui lui ont apposé une poutre de rétention (un étai) contre le tronc, il y a plus de cent ans. Aujourd’hui, ce grand vieillard appuyé sur sa canne fleurit tous les printemps, mais traverse les années sur un rythme de croissance très ralenti, à la manière des bonsaïs. Il cesse d’étendre ses branches, raccourcit ses pousses, mais émet depuis ses racines de nouveaux individus (que l’on appelle des drageons en botanique). Y aurait-il ici comme un parfum d’éternité ?
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Les promeneurs du bois de Boulogne le connaissent bien. Affalé sur une petite rivière qui sinue dans le bois, il a dû tomber là il y a bien longtemps ! Échoué contre
les racines d’un deuxième saule, il est reparti en hauteur, les deux saules ne formant plus qu’un. Le lieu a des airs de bayou, avec les écrevisses de Louisiane venues coloniser
les étangs. Les branches du géant couché serpentent, à terre et dans l’eau, tels des anacondas. Ou bien s’épanouissent en pattes de mygale prête à broyer sa proie.
Avec raison, Agnès, une jeune photographe amateur qui sillonnait le bois à vélo, l’a jugé digne de figurer au concours de l’Arbre de l’année. Mélancolie, quand tu nous tiens !
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Pantalon de velours côtelé, bottes de caoutchouc, chignon banane parfait, yeux
maquillés, léger rouge à lèvres, Béatrix d’Ussel possède l’élégance discrète et sûre
des châtelaines qui ont l’habitude d’arpenter les chemins creux de campagne. Dans
la rosée du matin, nous parcourons les quelque 6,5 hectares du parc, en plein coeur
de la petite ville limousine de Neuvic, dans l’est de la Corrèze. Ce parc vallonné à
l’anglaise, à vocation à la fois paysagère et agricole, dans la grande tradition des parcs du début
du XIXe siècle, est fait de points de vue, d’allées et de nombreuses perspectives sur le château,
mais aussi et surtout sur une pièce d’eau, où glisse un cygne nonchalant. Ici poussent environ
350 espèces d’arbres et d’arbustes. Celui qui nous intéresse est un séquoia géant, introduit dans
le parc vers 1855, l’année même où les premiers exemplaires furent introduits en France par
Boursier de La Rivière. Avec près de 11 mètres de circonférence et 45 mètres de haut, c’est l’un
des plus imposants et des plus anciens séquoias géants de France.
Aux alentours
Le parc naturel régional de Millevaches en Limousin, créé en 2004, se situe au coeur du vaste
plateau granitique de Millevaches (qu’il faut entendre dans le sens de « mille sources »), qui frise
les 1 000 mètres d’altitude et qui abrite nombre de tourbières et de rivières.
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Notre groupe est piloté par le maire de Barbeville, très attaché à
valoriser le patrimoine remarquable dont la commune a hérité.
Évidemment, les propriétaires actuels du château des Monts,
M. et Mme Duchemin, valident cette démarche tant ils sont attachés
à ce patrimoine. Ce séquoia fut planté en 1887. Âgée de 8 ans à
l’époque, Antoinette Foy devint ensuite conseillère municipale de
Barbeville. La générosité de ces châtelains à l’égard de la commune
a marqué toute cette période.
Durant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands occupent le
château et utilisent le séquoia comme mirador. Pour escalader
l’arbre, ils fixent des barres métalliques en forme d’échelle ; de làhaut,
ils peuvent voir la côte (environ 8 km, secteur Arromanches).
En outre, ils installent une mitrailleuse lourde dans le cèdre du
Liban planté en vis-à-vis, à laquelle ils accèdent par une échelle
longtemps restée dans l’arbre. Celle-ci, clin d’oeil de l’histoire, est
tombée le 6 juin 2008.
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Même s’il présente des dimensions tout à fait remarquables pour son espèce, le
sophora du Japon pleureur du cimetière de Bollwiller est, de prime abord, d’apparence
modeste. Il s’agit pourtant d’un témoin exceptionnel d’un passé révolu. Il
ombrage la tombe de la famille Baumann, depuis 1856, année de sa plantation. Les
Baumann furent une dynastie de pépiniéristes de réputation mondiale, fondée
au milieu du XVIIIe siècle ici, à Bollwiller. Les pépinières Baumann créèrent des centaines de
cultivars et d’hybrides, tout particulièrement dans les arbres fruitiers et les arbres ornementaux.
Au milieu du XIXe siècle, leur catalogue ne comptait pas moins de 17 000 plantes ! Le cultivar
« pendula » du Sophora du Japon, aujourd’hui répandu dans toute l’Europe, a été créé au cours
du XIXe siècle par les pépinières Baumann. Le sophora pleureur du cimetière de Bollwiller veille
donc littéralement sur son créateur, Augustin Baumann, patron emblématique de la pépinière
familiale. Par une surprenante alchimie, au fil des ans, la croix de pierre et le tronc de bois
finissent par se ressembler et ne former qu’un.
Aux alentours
Le Hohneck, troisième sommet du massif des Vosges, avec 1363 mètres d’altitude,
abrite une flore et une faune subalpines remarquables et procure l’une des plus
belles vues du massif. Le versant oriental est très abrupt et rocheux, il n’est pas rare
d’y apercevoir des chamois.
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L’histoire de ce sophora, c’est une histoire de résilience. Il se situe dans le parc à
l’anglaise du château de Montry, sur la commune du même nom, qui date de la
fin du XIXe siècle. On sait que l’arbre a préexisté au parc : il a sans doute plus de
deux siècles. Si aujourd’hui, le sophora se présente sous la forme de deux grosses
branches principales qui s’étalent sur le sol, lui confèrant un remarquable recouvrement
de 1 000 mètres carrés, c’est que son histoire est marqué par une chute. Vers 1930,
le sophora s’est couché à terre, son tronc initial s’étant creusé de l’intérieur. Une légende est
née à cette époque : il s’est dit que les personnes ayant tenté d’abattre cet arbre après sa chute
sont mortes prématurément, comme si l’esprit de l’arbre luttait pour sa survie. Le château est
désormais devenu un établissement pour l’insertion dans l’emploi. Mais la légende perdure. Et,
en 2016, une promotion de volontaires a décidé de prendre le nom de « Sophora » par analogie :
l’arbre a chuté, mais s’est relevé, tels les jeunes qui intègrent l’établissement avec le statut de
« volontaires à l’insertion »
Aux alentours
La forêt de Ferrières est l’une des plus vastes d’Île-de-France, avec près de 3 000 hectares.
Aujourd’hui propriété de la région, cette forêt, située aux portes de Marne-la-Vallée, est le théâtre
d’expériences originales de préservation des milieux naturels.
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La jeune propriétaire en parle avec passion. Les sophoras comprennent une cinquantaine de variétés originaires d’Asie et d’Amérique du Nord, et en particulier la variété « pleureuse », plus précisément originaire de Chine et de Corée. Cet arbre est très original esthétiquement parlant, puisqu’il semble être de prime abord un saule pleureur, avec son feuillage qui tombe jusqu’à toucher le sol et sa verdure si riche, ornée de petites fleurs blanches qui s’épanouissent en été. Mais lorsqu’on l’observe de près, ses branches s’apparentent nettement à celle d’un bonsaï géant : elles sont entremêlées, tout en courbes, ce qui rend ce sophora du Japon pleureur si unique et majestueux. Outre ses vertus médicinales, cet arbre est parfait pour se détendre grâce à l’ombre et à l’ondulation toujours reposante de son feuillage au vent. Une telle passion fait plaisir à entendre ! Et l’on devine, entre les mots, que c’est l’arbre qui a rendu la maison si attachante, au point de décider d’y prendre racine.
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Vous ne pouvez pas le louper : d’une dizaine de mètres d’envergure, il trône majestueusement devant le portail de la petite église du XIIe siècle, protégé par un muret de pierre.
Lui est contemporain d’Henri IV, planté là en 1598, suite à l’appel du surintendant des finances du royaume, Maximilien de Sully, pour commémorer la fin des guerres de religion.
D’où son nom de Teil de Sully. La municipalité de Brux (représentée ci-contre par Christian Morillon, adjoint au maire, et Pierre Guilbault, adjoint responsable des Affaires culturelles
de la commune) en est très fière. Et en prend grand soin. Pas d’horrible panneau ni de boîte postale intempestive pour venir gâcher la vue de cet ancien. Respect !
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