Je suis un équilibriste, perché en bordure de falaise, le ruisseau est 30 mètres plus bas.
Je suis un naturaliste, et j’observe attentivement les renards, écureuils et autres sittelles trochepots qui vivent à mes côtés.
Je suis aussi vieux (300 ans) que je suis beau. Je suis… le châtaignier de la vallée de la Morinière
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Avec son large tronc verruqueux, ses racines semblables à des membres et son look hirsute, il semble tout droit sorti de la Vieille Forêt du Seigneur des Anneaux. « On distingue un visage,
avec deux yeux, un nez rond et une bouche esquissée », précise Isabelle Ducatillon, la propriétaire du château de Bourgon, magnifique bâtisse des XVe et XVIe siècles. C’est dans son parc quetrône le vieillard. Un châtaignier tricentenaire, autour duquel rôde le fantôme de la Dame blanche. Isabelle et son mari Alain (ci-contre) ont acheté château et forêt sur un coup de coeur.
Avec l’idée que culture et nature sont un patrimoine commun… qu’ils font partager à la manière hospitalière des gens du Nord, dont ils sont originaires. Alors, bienvenue chez les Ducatillon !
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L’histoire étonne. Par quel sortilège un tel colosse a-t-il pu passer inaperçu au moment
de l’achat du terrain ? C’est que l’arbre affole les compteurs : un âge compris entre
1 000 et 1 500 ans (1 400 ans selon un botaniste) et une circonférence de 16,9 mètres…
C’est assurément l’un des plus vieux et plus gros châtaigner de France. La famille
Michaud raconte volontiers la découverte : c’est en débroussaillant un gros bosquet
que le châtaignier leur est apparu, le terrain venait d’être acheté, la surprise est énorme ! Que
faire, dès lors, face à un tel monument qui nécessitait quelques soins ? On a beau être bûcheron,
on n’est pas confronté tous les jours à des arbres de cette carrure. à dimensions exceptionnelles,
solution d’exception : le bûcheron consulté, sans doute désemparé, préconisa alors un dynamitage
en bonne et due forme ! La famille Michaud décida alors qu’il serait plus judicieux de le
conserver, et même de veiller à ce qu’il perdure. Sage décision !
Aux alentours
Le val de Loire (soit 280 kilomètres en continu le long du fleuve) est inscrit sur la liste du patrimoine
mondial de l’Unesco au titre des « paysages culturels vivants », depuis la fin de l’année
2000. Le parc naturel régional Loire-Anjou-Touraine est à l’origine de cette reconnaissance.
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Il apparaît, campé sur ses « jambes » de bois, arquées et parcourues de grosses veines, au croisement de plusieurs petites routes de campagne, au lieu-dit La Talle, nom donné
aux châtaigniers dans la région. Il est vieux, tout ridé, tout bosselé. Difficile d’évaluer son âge. Son tronc est mort depuis longtemps mais l’arbre – immortel ? – a produit des rejets, bien
vigoureux, eux ! Ils le recouvrent d’un abondant feuillage. À qui appartient-il ? À tout le monde ! C’est la Talle à Teurtous, comme on dit ici ! Mais Prom’Haies, une association qui promeut
la haie et l’arbre dans les paysages ruraux (représentée ici par Roselyne Redien et Carole Malherbe), veille sur cette « gueule cassée » qui s’est pas mal castagnée ! Parce qu’elle le vaut bien…
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Le gros chêne du bois du Thuilay est une curiosité locale, souvent le but d’une promenade en famille. C’est aussi le rendez-vous des chasseurs et peut-être même, à certaines heures, celui des amoureux. Au printemps, c’est le lieu où se rencontrent les cueilleurs de jonquilles, car nombreux sont ceux qui viennent ramasser la première fleur de l’année pour égayer leur maison de corolles jaune soleil. En plusieurs siècles, au moins cinq disent les spécialistes, peut-être même sept, il a été le témoin de bien des évènements. Parmi eux, il en est un, cuisant, qui aurait bien pu le faire disparaître. À la fin de la Grande Guerre, des prisonniers allemands étaient employés dans une ferme de Faverolles. Leur lieu de travail, à proximité de cet arbre, se trouvant trop éloigné de leur hébergement, leur déjeuner leur était remis le matin, à charge pour eux de le réchauffer. C’est ce qu’ils faisaient au pied du chêne. Un jour, par maladresse ou manque de prudence, le feu allumé trop près de l’arbre s’y propagea. Il fallut pour le sauver colmater la plaie avec du ciment. La vie d’un vieil arbre n’est pas un long fleuve tranquille : quelques semaines après son inscription au concours, l’une de ses charpentières se rompait subitement à la suite d’un gros coup de vent. Le jour de la prise de vue, Olivier Hanquez, qui a présenté la candidature, ne peut se rendre disponible comme prévu : il est à la maternité où sa femme a accouché plus tôt que la date pressentie. Rendez-vous manqué, comme si, pour une fois, l’arbre voulait esquiver un rendez-vous. La maman et le bébé vont bien, le vieil arbre avait finalement donné rendez-vous au papa là où il devait être, c’est-à-dire auprès des siens, en attendant, un jour, de rencontrer toute la famille à l’occasion d’une promenade en forêt.
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Pour admirer le gros chêne au sommet du baou (rocher en provençal) de la Gaude, à Saint-Jeannet, dans l’arrière-pays niçois, il faut être motivé et marcher une heure et demie depuis le centre historique. Entouré de quatre murs en pierres sèches, tout porte à croire qu’il a grandi au milieu d’une bergerie en ruines. Un autre élément attire l’attention sur cet arbre unique : de nombreux tas de pierres ou clapiers. Ceux-ci sont les témoins d’une technique extrêmement efficace permettant de créer par condensation une zone d’humidité favorable à la croissance de l’herbe. On raconte qu’il s’agissait d’un chêne sacré près duquel des cérémonies druidiques auraient eu lieu. On remarque encore aujourd’hui qu’une petite pierre polie a été positionnée à l’est de l’arbre. Pierre à sel, pierre d’autel ou pierre sacrificielle ? Un chêne sacré peut-être, mais pas uniquement d’un point de vue mystique, car il l’était aussi pour les troupeaux de moutons et de chèvres. En effet, il fut un temps où les terrasses alentour étaient cultivées et les troupeaux menés ici en pâturage. À l’ère révolue du pastoralisme à Saint-Jeannet, dont le saint patron est un berger, un seul arbre à la ronde procurait une ombre généreuse et de la fraîcheur, c’était lui, le fameux gros chêne. Aujourd’hui, ce sont les randonneurs qui se délectent de ses bienfaits. L’arbre a longtemps appartenu à des particuliers et c’est très récemment qu’il a été offert à la commune sous la forme d’un don. Le notaire étant sur le point de finaliser la succession, il est envisagé la mise en place d’une signalétique patrimoniale, qui parlera bien entendu de son histoire, liée à son implantation géographique et géobiologique, et appuie l’idée que ce chêne a pu être par le passé un arbre sacré. Mais pitié, pas de panneaux à proximité immédiate, et encore moins sur l’arbre lui-même !
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Ce grand chêne, que l’on appelle ici « u liccionu » en langue corse, est situé sur la commune de Saliceto, dans une région montagneuse de la Haute-Corse, non loin de Corte. Plusieurs fois centenaire, il est implanté à côté d’un petit sentier de montagne, entre deux hameaux. On ne le découvre vraiment qu’une fois arrivé tout près, au milieu de nombreux autres chênes qui ont poussé autour de lui sur de petites terrasses de pierres sèches autrefois cultivées. La cueillette de glands pour les cochons et les ânes était encore fréquente au début du siècle dernier. Il est majestueux, s’élève haut vers le ciel et ses racines gigantesques ont poussé en encerclant un gros rocher. Ses branches s’étalent horizontalement sur plusieurs mètres, créant une atmosphère particulière de sérénité et de bien-être. Les enfants viennent y jouer et grimper, c’est un lieu où les familles se retrouvent pour passer un moment agréable. Installée depuis quelques mois dans le village tout proche pour développer une activité d’herboriste et de naturopathe, Isabelle Teroitin, qui a proposé la candidature, se rend régulièrement au pied du chêne pour méditer et pratiquer le yoga. Quel plus bel endroit peut-on trouver pour se ressourcer et profiter des bienfaits d’un arbre séculaire ?
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Certains arbres font partie de la famille. C’est le cas de ce chêne qui a vu passer les
générations et grandir les enfants, et qui est le témoin silencieux de l’histoire familiale.
Un confident végétal, jamais lassé de recueillir les joies et les bonheurs, mais aussi
quelques larmes, parfois, un compagnon toujours disponible, la nuit comme le jour,
quelle que soit la saison, quelle que soit l’humeur. Il en sait sans doute sur chacun
plus que quiconque. Les repas de famille de l’été sont pris à son pied, sous sa voûte bienveillante
et rafraîchissante, à l’abri de son tronc courbé, qui lui vaut le surnom de « Kenzo », en référence
au design du flacon de parfum du même nom. Plusieurs congénères parsèment le quartier, sensiblement
du même âge, vestiges d’une forêt aujourd’hui disparue. Le béton a grignoté l’espace,
des maisons et des routes sont sorties de terre. La vie s’écoule dans la frénésie de mouvement et
le brouhaha des hommes. Heureusement, certains savent encore écouter le silence de ces arbres
séculaires, véritables garants de la mémoire.
Aux alentours
Les Pénitents des Mées sont une formation géologique très particulière : il s’agit d’une masse
rocheuse très découpée, à côté du village, qui évoque un groupe de moines coiffés de capuches
pointues. Elle résulte de l’érosion d’une falaise de poudingue, une roche sédimentaire.
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En lisière de la forêt de Paimpont, la légendaire Brocéliande, se trouve l’un des
plus gros chênes de France, le chêne à Guillotin. Avec près de 10 mètres de
circonférence, il impose sa stature et son tronc massif au regard du visiteur
et la première rencontre est, il faut bien l’avouer, émouvante.
Les vieux arbres exaltent les imaginations et enfantent des légendes. Celui-ci, qu’on dit parfois
âgé de mille ans, n’échappe pas à la règle : il a été baptisé dans les années 1970 du nom
d’un prêtre réfractaire réfugié à Concoret pendant la Terreur ; il aurait dissimulé des objets
de culte dans son tronc creux, à travers une fente. Certains disent que le prêtre lui-même se
serait caché dans le tronc, pour échapper aux Républicains qui le traquaient. Mais une autre
histoire se rattache à notre arbre : le mage hérétique Éon de l’Étoile y aurait caché un trésor
constitué de deux barriques d’or provenant de ses pillages. L’ouverture du chêne aurait été
opérée à la fin du XIXe siècle par des chercheurs de trésor. Cet arbre, véritable star, voit tous les
jours des dizaines de personnes défiler à la belle saison. Aujourd'hui il a été libéré de son estrade et est tenu à l'écart de la foule. Les mystères sont faits pour perdurer…
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Il s’agit d’une petite vallée tranquille qui se trouve aux portes de la ville de Brest : la vallée
du Restic. La ville, comme bon nombre de cités de notre pays, se sent à l’étroit et tend à
pousser ses murs pour accueillir toujours plus d’habitants et de véhicules. C’est ainsi
que cette petite vallée tranquille se retrouve, il y a une dizaine d’années, au coeur d’un
projet routier qui prévoit le contournement nord de l’agglomération. Un collectif pour la
sauvegarde de la vallée est aussitôt créé, et c’est le début d’une longue bataille juridique. Ayant
entendu parler de ce collectif qui se bat pour le maintien de la biodiversité ordinaire et qui
plante notamment chaque année un arbre dans la vallée, Caroline de Loor se rend sur place
et tombe alors, au fond d’une parcelle, sur un beau chêne. Il n’est pas très haut, mais il est très
tortueux et son gros tronc noueux porte des « visages ». Il n’en fallait pas plus pour qu’elle lui
attribue ce joli nom de « chêne aux mille visages ». Elle qui aime photographier les arbres, et tout
particulièrement ceux qui lui content des histoires, est véritablement conquise.
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